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 CONTRIBUTION AU DEBAT SUR L'ART CONTEMPORAIN | EXPOSITION Espace Ripert de BOLLENE 1998 : LES HUIT FEMMES
Sur la scène de l'art contemporain se joue depuis longtemps, une pièce embrouillée au dénouement incertain. Il faut peut-être commencer par le commencement.. en faisant simple et en raccourci, bien sûr.
Il était une fois le mouvement Dada (Zurich 1916) , né dans le contexte de la première guerre mondiale. Il coagulait les sentiments de révolte libertaire et nihiliste contre les institutions sociales conservatrices de l'époque. Il détournait les objets de leur sens d'origine avec provocation et, parfois, salutaire dérision : histoire "d'épater les bourgeois" (voir l'Urinoir détourné en "Fontaine" par Marcel Duchamp : 1917).
Il nourrissait discrètement certains aspects du surréalisme entre les deux guerres pour enfin réapparaître à Turin en 1968, le contexte étant, bien sûr, "cette année là". Les néo-dadaïstes turinois (Arte Povera) rayonneront dans le monde entier : re-détournement de l'objet, toujours histoire "d'épater les bourgeois".
Et après ? ... La succession des mouvements artistiques dans ce dernier quart de siècle a été vertigineuse : pop-art, op'art (cinétique en version française), assemblage, happening, minimal, conceptuel, land-art, installation, hyperréalisme, éphémère, nouvelle figuration, post-modernisme, néo-expressionnisme, graffiti, etc... Tout cela livré en vrac... car la concurrence pour la primauté a été virulente... dont certaines dates de création d'oeuvres difficilement vérifiables... tendances des tendances, modes... Et après? ...
Il est étonnant et dérisoire qu'aujourd'hui les épigones néo-néo-dadaïstes soient bien installés dans le moule des institutions régionales ou étatiques. Ils défendent le conservatisme qui, le sentiment de révolte permanente des grands-pères avalé et digéré, en "musifie" les créations plus ou moins éphémères, grâce à l'argent public. Le détournement originel est consommé et les bourgeois sont épatés. Et après ? ...
Janvier 1997, Jean Clair, directeur du musée Picasso, déclare : "L'enferment de l'art contemporain, son autosuffisance et son auto complaisance, sont une catastrophe intellectuelle." Fasciste, fasciste ! crient d'une seule voix les serviteurs zélés (intéressés ?) des néo-dadaïstes : pas le droit de critiquer ! "Dans les vieux pays comme les nôtres, il y a toujours des recours, des rescousses, même si tout a été fait pour les empêcher de se manifester depuis deux générations au moins. Ce qui me scandalise c'est cette façon de répandre une version officielle à la fois ésotérique et impérieuse, commune aux grands marchands et aux musées spécialisés. (Marc Furnaroli)"
- Ringard, hérétique ! vocifèrent les fonctionnaires de l'art officiel médiatisé.
Et après ? ... Goscinny et Uderzo enseignent : il y a toujours quelque part, des petits villages... Dans un décor de toute petite province, coincé entre les cyprès-cabanons-lavandes des cartes postales et l'auto complaisance élitiste dont parle Jean Clair, nous rencontrons huit personnages...
Huit femmes qui débroussaillent, chacune à la recherche de son propre chemin. Qui ont fait le constat, qui ont prit acte, qui prennent en compte le fait que le langage pictural a été désarticulé dans ses différentes composantes, étudié, examiné, dépecé avec soin, tout au long du XXè siècle. Huit femmes qui opèrent avec sincérité, acharnement et sans esbroufe. Qui essayent une recomposition personnelle du langage, qui cherchent à donner un sens à l'enchevêtrement des signes, couleurs, matières, collages. Un sens. Peintres locaux ? (Nemo propheta in patria !) Régionaux, nationaux, internationaux ? Oublions ces pseudo-critères de jugement, d'a-priori artificiels : le complexe d'Emma Bovary a suffisamment fait de ravages. Regardons et osons voir = comprendre leur travail. Leur parcours est, peut-être, encore modeste, délicat et fragile, sûrement pas outrancier et définitif. Il s'agit de propositions, d'hypothèses pour des cas de figures en devenir.
Huit femmes qui se situent après...
Flavio PARENTI
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